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Ferren, John

Pendleton (États-Unis), 17 octobre 1905 – East Hampton (États-Unis), 24 juillet 1970

Américain, francophone, ayant vécu à Paris dans les années 1930, Ferren avait aidé Picasso à tendre la toile Guernica, ce qui lui faisait au moins une légende. Il était venu au Liban passer l’année 1961 au titre d’un programme d’échanges artistiques libano-américains. Il s’intégra rapidement à la vie de Beyrouth. Il recevait dans la vieille maison aux tuiles rouges qu’il avait louée en bord de mer, et toute la ville découvrait avec étonnement que l’on pouvait mener une vie d’artiste, c’est-à-dire peindre pendant la journée.

Homme de culture et de contacts, John Ferren a sa place sur la liste de ceux qui ont ouvert des horizons nouveaux. Certes, il ne pouvait qu’être décalé au Liban. Quels auraient pu être ses interlocuteurs ? Schehadé, qui écrivit une préface au catalogue de l’exposition qu’il fit à Beyrouth à la fin de son séjour ? Il vivait sur trop de cultures : celles de l’Europe d’avant la Seconde Guerre mondiale, de l’Amérique de l’après-guerre,  de l’expressionnisme abstrait et la volonté d’une peinture plus élaborée et construite. Il se trouvait, à la limite, dans ce no man’s land mental où il lui fallait concilier à la fois la sensibilité, la tradition et l’intelligence de la culture européenne à la nécessaire impétuosité de la peinture américaine pour accéder à son propre langage, et ce dans un pays dont les substrats étaient totalement différents. Mais par cette juxtaposition culturelle même, il était proche du Liban, pays partagé par définition entre différents mondes et cultures et cherchant à les unir.

Les Américains firent diverses tentatives d’ouverture d’un centre culturel et d’une galerie de peinture au Liban. À Basta, en janvier 1958, un centre culturel ne dura que le temps d’une unique exposition. Bizarrement, la démarche de Ferren était, dès le départ, neutralisée par un malentendu. Sélectionné en tant qu’Américain francophone, il était l’image de ce à quoi les Américains espéraient voir aboutir les Libanais : passer d’une culture française à une culture anglaise. Calcul juste à un détail près : Ferren représentait bien cet aboutissement possible et souhaité, mais il n’était pas Libanais. Les Américains n’avaient pas compris qu’il n’était pas possible de transférer la culture de Fcrren sur un modèle autochtone.

Peinture paradoxale que celle de Ferren. Minutieusement géométrique, elle est éclaboussée de couleurs comme une pelote de fils multicolores dévidés sur la toile. 

II exposa ses œuvres le 12 mars 1964 au Centre d’art contemporain à Beyrouth.

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