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Jouni Hassan

Roumine (Liban), 1942

Hassan Jouni fit ses études à l’ALBA de 1959 à 1964, puis obtint une bourse en 1965 pour l’Espagne. Il est intéressant de remarquer la manière dont il vécut, en Espagne, une culture latine et chrétienne et la tradition picturale qui en était directement issue. Il y fit, à partir des années 1960, une peinture abstraite qui était peut-être la seule réponse possible à la complexité des questions et à la multiplicité des situations qu’il devait aborder.

À partir de cette période, les plans abstraits de ses toiles inclurent des fragments, des visages, notamment, composèrent et construisirent des personnages frontaux, des paysages, un art plus réaliste, où il témoignait du Liban-Sud au moment où les problèmes d’identité communautaire s’articulaient dans le temps. Cette peinture figurative était liée à du reconnaissable, avec une part de virtuosité vue comme un travail du pinceau.

La composante espagnole apparaît aussi dans l’élégance de la mise en plan, par une composition toujours décalée et rapidement jetée sur la toile.

Une exposition, en 1980, au Centre culturel espagnol à Beyrouth, disait clairement la reprise en charge des thèmes locaux et d’une peinture dont la figure était le centre et dont Jouni, quinze ans après son séjour en Espagne, montrait qu’il en avait assimilé les leçons techniques.

Dans les multiples influences des cultures européennes sur les différentes communautés et confessions du Liban, l’Espagne a, certes, joué un rôle moins important que la France, l’Italie ou la Grande-Bretagne. De Renno à Charaf et Jouni, elle offrit toutefois une continuité de sa présence, par les peintres qui y firent des séjours plus ou moins longs.

Quel fut le public de Jouni ? L’absence de succès des premières toiles abstraites n’était pas liée à sa peinture, mais à la lecture de son identité communautaire et à la manière dont elle était, avant 1975, restée plus ou moins tenue en équilibre par le projet d’une culture nationale. Dans cette mosaïque, les critères de goût et de qualité ne relevaient pas toujours de choix nationaux. Qui eût pu, au demeurant, les imposer ou les dicter ?

C’est à partir du moment où Jouni fit la peinture qu’on n’attendait pas de lui, qu’il se libéra. La notion de peinture frontale était liée à la peinture religieuse orientale, peinture de présentation qui donne à voir. Par la manière dont il orientait l’espace et les formes, Jouni changeait le regard du spectateur et les données techniques de la toile.

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